La sexualité humaine, c’est bien plus que le sexe. En fait, elle constitue une réalité « multidimensionnelle ». C’est-à-dire que plusieurs dimensions en constante interaction doivent être considérées pour parvenir à la comprendre et la définir. La dimension biologique (corporelle) de la sexualité, bien qu’elle doive être prise en compte, ne permet pas de faire un portrait juste et global du bien-être sexuel d’un individu et encore moins de rendre compte de la complexité de cette réalité. Ainsi, la sexualité comporte cinq dimensions distinctes, mais complémentaires.
La dimension biologique de la sexualité englobe tout ce qui se rapporte au corps, à la biologie et à la physiologie. Ainsi, elle comprend tous les éléments de la réponse sexuelle (l’excitation, la stimulation des organes génitaux, le coït, l’orgasme, etc.). Elle englobe aussi l’historique médical passé et actuel de la personne comme les maladies ou les conditions physiques ayant un impact sur l’intimité, ainsi que la présence de douleur lors de rapports sexuels et d’ITSS (infections transmissibles sexuellement et par le sang). Bien que la dimension biologique de la sexualité soit généralement associée à la génitalité, elle tient compte de tout ce qui relève du corps et des interactions entre les corps. L’aspect biologique de la sexualité peut donc être élargi à l’univers des sens (l’ouïe, l’odorat, la vue, le goût et, bien évidemment, le toucher) et, par le fait même, de la sensualité. L’intégration de tous nos sens à la rencontre sexuelle permet l’exploration d’un tout autre univers riche en couleurs, saveurs, odeurs et textures. C’est dans l’inclusion de toutes ses sensations que l’expérience de l’érotisme prend tout son sens.
La dimension cognitive de la sexualité renvoie non seulement aux connaissances d’une personne sur la sexualité, mais aussi aux connaissances à acquérir. C’est à partir de ces connaissances qu’un individu parvient à conceptualiser la relation sexuelle. Ainsi, une conceptualisation de la sexualité qui ne se réduit pas à des comportements sexuels permet une exploration de la sexualité comme un moyen d’entrer en relation avec l’autre. On ne parle donc plus seulement d’actes sexuels, mais également du partage d’un moment avec l’Autre, de l’occasion d’en apprendre davantage sur son partenaire et de se tourner vers lui/elle. Outre l’expression génitale de la sexualité, la relation sexuelle peut se concrétiser par l’exploration des cinq sens (se tenir la main, s’échanger des mots doux, se regarder, se masser, etc.) et des zones érogènes (nuque, lobe d’oreille, bouche, etc.) ainsi que le dévoilement de chacun (partager ses sentiments, ses émotions et ses limites par rapport à la relation sexuelle par exemple). Élargir sa conception de la sexualité permet d’étendre ses horizons et ouvre la porte à une multitude de nouvelles pratiques et expériences.
La dimension psychoaffective réfère à la capacité d’identifier, d’exprimer, et de communiquer ses sentiments, besoins, désirs et limites à l’autre. Elle englobe la satisfaction du besoin d’intimité, d’affectivité et de partage avec l’autre et permet de rendre compte des émotions et sentiments vécus durant la rencontre sexuelle. D’une part, elle renvoie à la connaissance de soi. Pour entamer cette réflexion, vous pouvez vous poser les questions suivantes :
D’autre part, elle renvoie à la capacité de communiquer avec le partenaire. Posez-vous les questions suivantes :
À cet effet, certaines attitudes sont relevées comme importantes à développer vis-à-vis son partenaire. Parmi elles, la capacité de se dévoiler et se découvrir. Osez partager vos craintes, vos aspirations, vos désirs et vos intérêts. Au même titre, n’hésitez pas à poser des questions à votre partenaire sur ses préférences. Une autre attitude à développer est celle d’abandon. Laissez-vous guider par votre partenaire. Fermez les yeux et livrez-vous dans vos sensations. C’est par la dimension affective que l’expression « faire l’amour » prend tout son sens.
La dimension socioculturelle réfère aux représentations sociales et culturelles des relations sexuelles. Elle englobe la prise de conscience de ces représentations et leur adhérence ou non. Il importe de rester critique face à ces messages puisqu’ils sont empreints de stéréotypes, de préjugés et de mythes concernant la sexualité. Par exemple, un message omniprésent dans les sociétés occidentales concerne l’asexualité des personnes aînées ; après un certain âge, la sexualité disparaît ou devrait disparaître. Alors qu’au contraire, la sexualité dans toutes ses dimensions peut faire partie intégrante de la vie de tous, peu importe l’âge et demeure un besoin essentiel pour plusieurs. La dimension socioculturelle réfère donc au fait qu’une personne prenne conscience de ce message et décide par la suite d’agir en conformité ou non avec ce qui est dicté. Un autre exemple pourrait être fait par rapport au genre et aux rôles sexuels. Dans l’univers collectif, la femme est passive et l’homme est actif dans la relation sexuelle. Au contraire, il est démontré qu’une flexibilité dans l’attribution des rôles sexuels prédit un niveau de satisfaction sexuelle plus élevé. La dimension socioculturelle met donc en relief la place que la personne occupe dans la société (selon son genre, son ethnicité, son âge, etc.), sa relation avec les autres et sa manière de se percevoir dans le monde en regard des messages véhiculés.
La dimension morale de la sexualité réfère aux valeurs sexuelles présentes dans une société et influence les relations entre les individus ainsi que leurs sentiments en regard de la sexualité (égalité des sexes, liberté et égalité des orientations sexuelles, consentement, intimité, respect de soi et de l’autre, etc.). Elle conceptualise la sexualité en termes de moralité, de principes et de croyances associés à l’expression de la sexualité. À cet effet, il peut être pertinent d’entreprendre une activité de clarification des valeurs pour distinguer ses valeurs de références (celles présentes dans la société auxquelles j’adhère) de celles de préférences (celles qui résonnent en moi et que je mets en pratique). Cela peut permettre de mettre en lumière les dissonances ou les concordances entre ce qu’une personne dit être important pour elle et les comportements qu’elle adopte. Lorsque cet examen est fait, il est plus facile d’adopter des moyens pour faire respecter ses valeurs puisqu’il est plus facile de prendre conscience de ce qui est important pour soi et à quel niveau il est important d’agir pour les faire respecter.
Sources :